Plusieurs acteurs de la santé de la mère et de l’enfant du département du Borgou ont pris part, les 22 et 23 mars 2024, à Cotonou à un atelier de formation des formateurs sur l’utilisation du “modèle de l’iceberg”. C’est un outil d’analyse systémique au cœur des audits cliniques à fort taux de mise en œuvre des recommandations pour un haut impact sur les indicateurs de la santé de la mère et de l’enfant.
Prestataires de soins, chercheurs et décideurs ne baissent pas les bras en vue de la réduction du fardeau des décès maternels et néonatals. Plusieurs acteurs de la direction départementale de la santé du Borgou viennent d’être outillés à cet effet sur l’utilisation du “modèle de l’iceberg”.
Conduit par le Centre de recherche en reproduction humaine et en démographie (Cerrhud), cet atelier vise à mieux comprendre les causes racines des décès maternels et néonatals, en vue de la formulation et de la mise en œuvre d’actions efficaces pour une réduction significative du ratio de mortalité maternelle et du taux de mortalité néonatale.
« C’est une approche d’analyse systémique qui occupe une place centrale dans le processus d’analyse des audits à haut impact (Ahi). Elle nous aide à comprendre les causes profondes des décès maternels et néonatals », explique Dr Jean-Paul Dossou.
Une dynamique d’amélioration
Pour lutter contre la survenue de ces décès, il faut des interventions clés avec une certaine qualité des soins, qualité ; qu’on peut atteindre si la Surveillance des décès maternel et néonatal et riposte (Sdmr) institutionalisée depuis 2013 est effective et efficace. « Cette qualité des soins doit être sûre, efficace, rapide, efficiente, équitable et centrée sur la personne », précise Dr Jean-Paul Dossou.
Une décennie après, les efforts dans ces domaines sont couronnés de succès variables, avec des besoins d’amélioration en ce qui concerne le processus des audits cliniques comme outils de riposte dans la Sdmr. Le Cerrhud travaille donc, de concert avec les acteurs et ses partenaires, pour l’intégration au processus des outils de réflexion systémiques d’analyse des causes profondes des dysfonctionnements, comme ce modèle.
L’enjeu est aussi de renforcer la culture de la redevabilité à travers un cadre d’assignation de tâches et de suivi évaluation qui renforce la probabilité de mise en œuvre des recommandations issues des audits.
Une réalisation du projet Alert
Cette démarche a conduit à la conception et à un testing d’un modèle rénové des audits cliniques à fort taux de mise en œuvre des recommandations pour un haut impact sur les indicateurs de la santé de la mère et de l’enfant. Son développement ainsi que les ateliers de formation qui ont suivi s’inscrivent dans le cadre des réalisations du Projet Actions basées sur des données probantes pour réduire la mortalité et la morbidité périnatales en Afrique subsaharienne (Alert).
C’est une initiative financée par l’Union européenne et implémenté dans 4 pays africains, notamment le Bénin, le Malawi, l’Ouganda et la Tanzanie. « Le modèle a été développé suivant une stratégie de co-création qui a commencé avec les acteurs de la direction départementale de la santé du Zou.
Ensuite, il a été amélioré suivant le même processus avec les acteurs de la zone sanitaire Comé-Bopa-Houéyogbé-Grand-Popo (Cbgh), du Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-hkm), et du département de l’Ouémé », explique Dr Jean-Paul Dossou.
Après ces étapes, le modèle plus raffiné a fait l’objet de la présente formation au profit d’un pool de leaders de la santé de la mère et de l’enfant du département du Borgou.
« L’Ahi nous a beaucoup intéressés »
Ainsi, pour les acteurs de la santé de la mère et de l’enfant du Borgou, les connaissances acquises au cours de cet atelier vont contribuer à améliorer les audits des décès maternels et néonatals dans les communes de Bembérékè, Kalalé, N’Dali, Nikki, Parakou, Pèrèrè, Sinendé et Tchaourou.
« L’Ahi nous a beaucoup intéressés. Nous allons reproduire cette formation au sein des comités d’audit des zones sanitaires afin que tous les comités du département soient au même niveau d’information et soient en mesure de réduire, dans la mesure du possible, de manière significative le taux de décès maternels et néonatals », a fait savoir Dr Aminatou Soulemana-Abdoulaye, représentante du Dds Borgou.
Avec cette formation, les participants comprennent mieux la séquence des étapes du cycle des Ahi. Ils sont capables d’identifier les besoins d’amélioration et de mener de manière autonome les activités relatives à chaque étape du cycle des Ahi.