Le rapport 2022 de Surveillance des décès maternels/néonatals et riposte (Sdmr) montre l’importance de renforcer la notification de ces décès : 38,4 % des décès maternels et 36,9 % des décès néonatals survenus au cours de cette année 2022 ont été rapportés pour examen en vue de mesures visant à prévenir des cas similaires à l’avenir.
D’une année à une autre, les rapports annuels produits dans le cadre de la Sdmr donnent de raisons de renforcer la Surveillance et la riposte aux décès maternels et néonatals au Bénin. Celui de l’année 2022, publié par le Centre de recherche en reproduction humaine et en démographie (Cerrhud) pour le compte du ministère de la Santé, est aussi édifiant en la matière.
Selon le rapport élaboré avec l’appui financier du Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap), environ 992 cas de décès de femmes dus à des complications de grossesse ou d’accouchement ont été rapportés en 2022, soit au moins deux cas notifiés par jour. Dans la même période, 4513 décès ont été rapportés parmi les naissances vivantes au cours des 28 premiers jours complets de la vie, soit 12 décès notifiés par jour.
Ces évènements auraient pu ne pas être identifiés, notifiés, quantifiés, examinés en vue de prise de décision, s’il n’y avait pas la Sdmr, instituée en 2013. « La Sdmr favorise l’identification systématique et la notification dans les délais des décès maternels et néonatals. C’est une forme de surveillance continue. Et ce nouveau rapport, comme les précédents, constitue une mine d’informations pour les différents acteurs agissant pour l’amélioration de notre système de santé. Ces informations, si les mesures appropriées sont prises, vont aider à éviter de cas similaires à l’avenir », explique Dr Jean-Paul Dossou, directeur du Cerrhud.
Des efforts à fournir
Instituée en 2013 par le ministère de la Santé, la Surveillance des décès maternels/néonatals et riposte a connu des avancées. Toutefois, des défis persistent, notamment la nécessité de s’assurer que tous les cas sont notifiés, quel que soit leur lieu de survenance. Selon le rapport Sdmr 2022, le taux de notification des décès maternels était de 38,4 % en 2022. Pour les décès néonatals, il était de 36,9 % en 2022.
La faible notification est observée dans tous les départements, à l’exception du Littoral. La notification communautaire est quasi absente. Heureusement, la nouvelle politique de santé communautaire est une opportunité pour inverser la tendance. « Nous recommandons le suivi de la mise en œuvre de la nouvelle politique de santé communautaire, avec la notification effective des décès survenus en communauté », suggère le rapport.
Des décès en majorité évitables
93 % des décès notifiés sont évitables, selon le rapport. Au nombre des facteurs indexés, il y a les retards à reconnaître les complications, à prendre la décision de recourir à des soins, à atteindre un établissement de soins et à recevoir des soins appropriés.
L’hémorragie, un saignement intense juste après l’accouchement, est la cause de trois décès maternels sur dix ( 30,40%). Viennent ensuite l’anémie (15,70%) et l’hypertension artérielle (14,6%). Les défaillances ayant conduit aux décès maternels en 2022, identifiées par les comités de revue, étaient principalement imputables aux prestataires de soins, aux patientes, à leurs familles ou à la communauté.
De même, la majorité des décès néonatals étaient survenus avant la première semaine de vie du nouveau-né (82,9 %). Les principales causes identifiées sont le manque de consultations prénatales et le défaut de surveillance, d’où le besoin de porter une attention particulière aux soins spécifiques que certains nouveau-nés nécessitent pendant leur hospitalisation et à domicile pour réduire les risques.
Les efforts salués
Le rapport encourage le ministère de la Santé à maintenir la réduction des décès maternels et néonatals au sommet de l’agenda politique. Il y a lieu aussi de renforcer la méthodologie des audits pour garantir une meilleure qualité. Ceci pourrait nécessiter par exemple une révision de l’arrêté ayant institutionnalisé la Sdmr. Les parties prenantes souhaitent continuer à bénéficier du soutien des partenaires techniques et financiers pour poursuivre l’amélioration de la santé maternelle et infantile.
Le Bénin fait des efforts pour alléger le fardeau quand on sait que, selon un nouveau rapport du Fonds des Nations Unies pour la population, une femme africaine qui souffre de complications pendant la grossesse ou l’accouchement est environ 130 fois plus susceptible d’y laisser la vie qu’une femme vivant en Europe ou en Amérique du Nord.